Extrait […] Les zombies ont fini par dépasser la première ligne de tir, celle qu'on avait désignée en priorité pour les MLRS. Je n'ai même pas entendu partir les roquettes, tellement ma cagoule étouffait les bruits, mais je les ai clairement vues filer droit vers leurs cibles. J'ai pu admirer leur descente et la séparation de la coque qui laisse la place à des myriades de petites bombes aux ailerons en plastiques. À peine la taille d'une simple grenade à main, un explosif antipersonnel avec des capacités perforantes assez limitées sur les blindages. Elles se sont éparpillées sur les Zombies et ont explosé en touchant la route ou les épaves de voitures. Les réservoirs, encore à moitié plein ont sauté comme des petits volcans, crachant de véritables geysers de flammes et de débris. Ça a renforcé l'effet « pluie d'acier ». Honnêtement, c'était trop la fête, tout le monde hurlait de joie dans les micros et moi avec pendant que les goules cramaient. Il devait y en, je ne sais pas... Quelque chose comme une trentaine, peut-être quarante, cinquante zombies, sur huit cents mètres de voie rapide. Le bombardement en a bousillé au moins les trois quarts.
Seulement les trois quarts ?
[Todd termine sa cigarette en une seule longue bouffée rageuse, puis s'en rallume immédiatement une autre.]
Ouais, et c'est peut-être ça qui aurait dû commencer à nous inquiéter. « La pluie d'acier » les a tous touchés, le shrapnel les a mis en pièces. Putain, il y avait des morceaux partout sur la route. Ils perdaient littéralement leurs membres en avançant vers nous... Mais les tirs à la tête... C'était le cerveau qu'il fallait bousiller, pas le corps. Et tant que leur matière grise fonctionnait encore et qu'il leur restait un peu de mobilité.... certains continuaient à marcher. Et ceux qui ne pouvaient plus, ils rampaient. Ouais, tu m'étonnes qu'on aurait dû se poser des questions, mais voilà, pas de bol, on n'avait pas le temps. De quelques zombies, on était passé à toute une flopée. Beaucoup plus nombreux. Par douzaines, maintenant, et collés les uns aux autres entre les bagnoles qui brûlaient. Le truc marrant, avec les zombies... c'est qu'on s'attend toujours à ce qu'ils portent leurs plus beaux costumes. C'est comme ça que les médias les décrivent tous sapés comme des princes. Des G en costard-cravate ou en robe, genre soirée caritative, mais morts. Tu parles. Ils ne ressemblaient pas du tout à ça. La majorité des infectés, je veux dire les premiers, ceux qui ont fait partie de la première vague, ils sont morts à l'hosto ou chez eux, dans leur lit. La plupart d'entre eux avaient seulement une blouse d'hôpital, un pyjama ou une chemise de nuit ou... carrément à poil, même. On voyait très bien leurs plaies toutes séchées, les cicatrices des escarres, toutes ces marques, là, ça nous faisait frissonner, même engoncés comme on l'était dans nos armures surchauffées. La seconde « pluie d'acier » n'a pas eu la moitié des effets de la précédente. Les réservoirs avaient déjà tous sauté et maintenant, les zombies s'agglutinaient les uns aux autres, ce qui limitait les éventuelles blessures à la tête... Je n'avais pas peur, pas encore. Ok, je n'avais plus vraiment de jus, mais j'étais sûr que ça reviendrait à la seconde même où les zombies poseraient le pied sur la deuxième limite de tir. Une fois de plus, je n'ai rien entendu quand ils ont tiré les paladins, mais les obus, putain, oui, je les ai entendus quand ils sont tombés. C'était des HE 15 standard, tête explosive avec chambre à fragmentation. Et ils ont causé encore moins de dommages que les roquettes !
Pourquoi ?
Pas d'effet ballon. Quand une bombe explose à côté de vous, ça fait bouillir tous les fluides internes et ça vous fait littéralement gonfler, comme un ballon. Mais ça ne marche pas comme ça avec les Zombies, sans doute parce qu'ils n'ont plus de fluides du tout, c'est presque du gel, en fait. J'en sais rien, mais en tout cas, ça sert à que dalle. Même chose pour le SNT.
Le SNT ?
Sudden Nerve Trauma, traumatisme nerveux instantané, je crois. Un autre effet des explosions rapprochées. Parfois, le traumatisme est si fort que tous les organes, le coeur, le cerveau, tout ça se déconnecte d'un coup comme si Dieu décidait personnellement de vous niquer en appuyant sur l'interrupteur. Une histoire d'impulsions électriques, vous voyez le genre, mais j'en sais rien, moi, je ne suis pas docteur, merde.
Et pas de SNT, donc ?
Non, pas une seule fois ! Je veux dire... Attention, hein, je ne dis pas que les zombies ont traversé l'orage tranquilles, sans s'inquiéter. J'ai vu des G se faire littéralement désintégrer, j'en ai vu sauter en l'air et retomber en morceaux ; j'ai vu des têtes, des têtes VIVANTES avec les yeux grands ouverts et la mâchoire béante filer comme des feux d'artifice.... On les dézinguait, ça, c'est sûr, mais pas assez vite ! Le flot des zombies ne s'est pas ralenti, bien au contraire, un vrai fleuve, un torrent de cadavres qui boitaient, qui gémissaient, qui se piétinaient les uns les autres en avançant vers nous au ralenti comme une grosse vague bien compacte. La seconde zone de tir, c'était l'affaire des armes lourdes et des blindés. Les canons de 120 des tanks, les mitrailleuses des Bradleys et les missiles FOTT. Les Humvees sont passés à l'action, eux aussi, avec leurs fusils mortier, leurs missiles et les mark-19, un genre de fusil-mitrailleur, mais qui tire des grenades. Les Hélicoptères comanches nous sont passés à quelques mètres au-dessus de la tête, avec leurs mitrailleuses et leurs roquettes Hydra. C'était un vrai cauchemar de végétarien, un abattoir géant... Une espèce de nuage de chair s'éparpillait au-dessus de la horde. Rien ne peut survivre à ça, je me souviens avoir pensé, et pendant un bon moment, ça a été le cas... Jusqu'au moment où les tirs ont cessé.[...] | Citations On lui a donné toutes sortes de noms: la Crise, les Années noires, le Fléau rampant; et d'autres plus modernes ou plus branchés, comme la Z ème Guerre mondiale, voire la Première Guerre Z. A titre personnel, je n'aime pas beaucoup cette dernière appellation, dans la mesure où elle implique une Seconde Guerre Z. Pour moi, cette tragédie reste avant tout la Guerre des Zombies, et si certains s'avisent à critiquer la rigueur scientifique de l'expression, je les mets au défi de trouver mieux pour désigner les créatures qui ont bien failli nous exterminer. Zombies.
Vous comprenez quelque chose à l'économie, vous ? Je veux dire, le bon gros capitalisme d'avant-guerre ? Vous avez pigé comment ça marchait ? Moi pas. Et ceux qui affirment le contraire racontent des conneries. Il n'y a rien d'absolu là-dedans, aucune loi scientifique, rien du tout. Tu gagnes, tu perds, tout ça, c'est de la merde. La seule règle qui signifie quelque chose pour moi, c'est un prof d'histoire qui me l'a apprise [...]. Pas d'économie, hein, d'histoire. "La peur, il disait, c'est la peur la plus précieuse matière première de l'univers." Ca m'a calmé tout net. "Allumez la télévision, qu'est-ce-que vous voyez ? Des gens qui vendent leurs produits ? Non. Des gens qui vendent la peur que vous éprouvez à l'idée de ne pas les avoir." Putain que c'était bien vu ! Peur de la vieillesse, peur de la solitude, peur de la pauvreté... La peur, c'est l'émotion la plus primitive qui soit. Primaire, presque. C'est devenu comme un mantra pour moi. "La peur fait vendre."
Demandez à n'importe qui. Comment les alliés ont-ils fait pour gagner la Seconde Guerre mondiale ? [...] Quiconque possède ne serait-ce qu'un vague semblant de compréhension de ce conflit vous les donnera, les trois vraies raisons : primo, la capacité à produire plus de matériel. Plus de balles, d'obus et de bandages que l'ennemi. Secundo, l'abondance de ressources naturelles pour le produire, ce matériel. Tertio, les moyens logistiques pour acheminer les matières premières vers les usines, mais également les produits finis vers le champ de bataille. Les Alliés disposaient des ressources de l'industrie et de la logistique de toute une planète. L'Axe, lui, dépendait entièrement de ce qu'il réussissait encore à gratter à l'intérieur de ses frontières. Mais cette fois, l'Axe, c'était nous. Les morts-vivants contrôlaient la majorité des terres émergées [...]
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