La petite ville universitaire de Marsac est frappée de plein fouet par la mort de Claire Diemar, jeune professeur de lettres. Elle a été sauvagement assassinée chez elle. On retrouve sur les lieux du crime, Hugo, un étudiant de Marsac. Il semble être le coupable parfait mais sa mère n'en croit pas un mot. Elle contacte le commandant Servaz qui se dépêche d'intervenir avant que l'affaire ne soit classée. En se rendant là-bas, Servaz va être confronté aux souvenirs de ses années d'études, aux vieilles rivalités et à son amour de jeunesse. Serait-ce le retour d'un certain tueur en série ? Les indices semblent le mener à cette conclusion...
Je peux vous dire d'emblée que ce roman a été un coup de coeur. Il confirme l'immense talent d'écrivain que j'avais décelé chez l'auteur lors de la lecture du précédent tome. Je tiens à remercier le sanctuaire de la lecture et les éditions XO pour ce magnifique partenariat.
Tout d'abord, l'atmosphère orageuse et lourde nous happe et nous tient en haleine jusqu'à la dernière page.
J'avoue avoir ressenti énormément de frustration en essayant de reconstituer intégralement le casse-tête sans y parvenir. Les informations nous sont dévoilées au compte-goutte et le suspense est à son comble du début jusqu'à la toute fin. Bernard Minier se tient comme un marionnettiste, manipulant à la fois ses personnages et ses lecteurs. Comme vous l'aurez deviné, l'intrigue est, à mon avis, très bien ficelée et prenante. Les révélations finales se font attendre et l'auteur les repoussent sans cesse. Mon coeur battait la chamade et la tension était palpable. Un thriller de qualité, sans aucun doute !
J'ai noté l'omniprésence de la Coupe du monde de football qui semble obnubiler la plupart des personnages.
J'ai bien aimé cette petite critique de notre société. Elle revient souvent dans l'esprit de Servaz. Le sport est-il vraiment plus important que la mort d'un être vivant ? Cet événement des plus rassembleurs a, dans ce cas-ci, aveuglé tout le monde. J'ai apprécié le stratagème qui m'a fait entrer encore plus dans l'histoire car il est empreint de vérité.
Deuxièmement, l'histoire est centrée sur la psychologie de Servaz. Il y a beaucoup d'introspection, de questionnements et de réflexions. L'auteur a voulu nous faire connaître encore plus intimement son personnage.
Je me suis senti, immédiatement, beaucoup plus proche de lui. En retournant à Marsac, Servaz est confronté à son passé. On ressent une certaine nostalgie et toute l'éphémérité de la jeunesse. On retrouve un Servaz plus jeune et fougueux et un Servaz adulte abîmé par la vie. Les émotions qui m'ont traversée sont trop nombreuses pour que je puisse les énumérer. Je ne pense pas que cette introspection puisse plaire à tous les types de lecteurs. Elle vient ajouter beaucoup de réalisme et d'intensité.
Troisièmement, malgré un tome se concentrant sur Servaz, les autres personnages gravitent autour de lui et de l'enquête. Je pense notamment à Irène Ziegler qui avait été l'un des personnages clés de Glacé. Je déplore le fait que l'auteur ne parle pas plus d'Espérandieu, l'adjoint de Servaz. Peut être lors du prochain tome ? On rencontre aussi la fille de Servaz, Margot. Les histoires de tous ces personnages s'entremêlent. Ils apportent à leur façon leur contribution à l'enquête.
Il y a un lien direct entre ce roman et Glacé. L'auteur fait plusieurs références à cette affaire et à Julian Hirtmann. Il résume en quelques mots les événements mais je crois qu'il vaut mieux avoir lu le précédent tome pour bien saisir les nuances. On retrouve le même schéma d'enquête. Mon subconscient me disait de chercher les ressemblances mais même si la trame est similaire, le dénouement n'est nullement prévisible. Plusieurs grands thèmes sont abordés dans ce roman. Je me garderai de vous dire de quelle façon afin de ne rien dévoiler de l'intrigue. La mort, l'amour, la famille, le passé et le présent en sont des exemples. Ils touchent tout le monde d'une manière ou d'une autre. Ils sont abordés à travers chacun des personnages.
Inévitablement, j'en viens à parler du style d'écriture de l'auteur. Il est fluide, à la fois poétique et brut.
Sans cette fluidité, tous les autres éléments que j'ai nommés dans cette chronique n'auraient plus aucun sens.
Les descriptions sont sublimes, intenses et complètes. On a l'impression de faire partie de cette histoire et de la vivre en même temps que ses personnages. Je ne pense pas qu'un auteur ordinaire aurait pu faire ça.
En conclusion, j'ai été complètement subjugée par ce roman et il me tarde de lire la suite. N'hésitez plus une seule seconde à lire les romans de Bernard Minier. Vous ne serez pas déçus !