Vous savez, ça fait un moment que je n'ai plus envie d'écrire des avis extrêmement développés sur des oeuvres. Je n'en ai pas la motivation, je trouve ce que j'ai à dire sans intérêt et ma manière de les formuler déplorable. Mais pour Punpun, on va faire une exception. Je vais ressortir mes pavés que personne ne lit, et même si ce que j'ai à dire a déjà été dit, j'ai besoin d'en parler.
Si je devais dire rapidement ce que je pense de Punpun, je dirais que c'est un des meilleurs manga sorti dans cette décennie. Bien sûr, ce n'est qu'un avis subjectif (d'ailleurs, tout ce que j'écrirai le sera), mais tout le monde semble au moins penser que Bonne Nuit Punpun est un bon manga. En témoignent ses excellentes moyennes un peu partout ; un 9.03/10 sur MyAnimeList (il est sixième au classement total, ce qui est quand même assez impressionnant) est à noter. Mais bien sûr, je ne suis pas là pour parler de chiffres.
A l'heure où j'écris ces lignes, je viens de refermer le dernier tome. Et ça a été dur. Je ne spoilerai rien bien sûr, je vais essayer de ne pas parler de l'histoire mais plutôt de me concentrer sur ce que j'ai ressenti en lisant.
Bonne Nuit Punpun, c'est horriblement déprimant. Ne faites pas la même erreur que moi, ne lisez jamais trois tomes de Punpun en une soirée. Et après une lecture d'un chapitre, comptez un jour pour récupérer. J'ai l'air d'exagérer, mais je vous jure que ça m'a véritablement détruit/e de l'intérieur. Et vous savez pourquoi ? Parce que c'est VRAI. On n'a pas de personnages faits pour qu'on les aime. On pourrait les croiser chaque jour sans le savoir. Ils ont tous plus de défauts que de qualités. La progression du personnage principal, Punpun donc, est une torture à regarder. Je n'en dirai pas plus, mais ça m'a véritablement brisé le coeur. Et je vous jure que je pèse mes mots.
Cette véracité rend le manga percutant. Les sujets (qui sont tout de même plutôt noirs ; dépression, violence conjugale, etc...) abordés le sont toujours de la manière extrêmement vraies, et à un moment ça finit forcément par toucher. Que l'on soit passé par là ou pas ; on peut aussi se dire "merde, il y a vraiment des gens qui vivent ça". Ce n'est cependant pas abordé avec un grand sérieux, comme si l'on regardait un documentaire, mais avec un sens de l'humour sombre qui ne fait bien entendu rire personne et une grande mélancolie, qui peu à peu s'infiltre en nous.
Mais est-ce uniquement une histoire réaliste sur de grands sujets ? Non, vraiment pas. C'est là que le talent d'écriture de l'auteur se remarque. Il arrive à faire une histoire en parallèle avec des éléments "fantastiques" (pour vous expliquer rapidement, c'est l'histoire d'un culte persuadé que la fin du monde est proche et dont les membres ne sont pas très stables mentalement, donc les éléments fantastiques sont leurs hallucinations principalement), tout en gardant cette vérité qui fait mal. Bonne Nuit Punpun a énormément de personnages, mais on ne peut jamais s'y perdre, malgré le nombre incroyable d'histoires parallèles, preuve du talent incroyable de l'auteur.
Les dessins sont également magnifiques. Vous pouvez y jeter un oeil, ça vaut vraiment le coup. Si vous le faites, vous remarquerez une particularité dans ce monde dessiné avec un réalisme incroyable. En effet, Punpun et sa famille sont représentés sous forme d'oiseaux grossièrement dessinés. Bien sûr, ce ne sont pas leurs vraies apparences, mais une manifestation de leurs sentiments d'une manière un peu caricaturale. C'est aussi une astuce pour ne jamais savoir à quoi ressemble réellement Punpun, on passe donc tout le manga sans savoir à quoi ressemble le personnage principal. C'est une très bonne idée que l'auteur utilise à la perfection.
Je ne vais pas m'éterniser, sinon je risque de parler de parties de l'histoire qu'il faut absolument garder comme surprise, donc je vais m'arrêter là. Notez cependant que Bonne Nuit Punpun n'est PAS une lecture légère, il faut vraiment être préparé avant de le lire, je n'exagère pas, c'est pour votre bien. Je suis une personne assez instable psychologiquement et chaque tome me met dans un état impossible ; et même si je ne regrette pas une seconde d'avoir lu ce chef d'oeuvre, je suis aussi content/e d'une certaine manière de ne plus avoir à l'affronter. Tout cela m'a vraiment affecté/e dans ma manière de voir les choses parfois, et m'a vraiment déprimé/e pour un moment. Cependant, si vous êtes capable d'endurer des histoires déprimantes, n'hésitez pas une seconde, c'est intelligent, écrit à la perfection, d'un style inimitable et vrai.
Ah, et les deux/trois premiers tomes sont parfois assez drôles (même si c'est principalement de l'humour noir), donc ne vous fiez pas à ceux-là pour définir la noirceur de la série. C'est vraiment de pire en pire au fur et à mesure que l'on avance dans les tomes.
J'ai écrit moins que prévu finalement, mais je pense avoir dit tout ce que je voulais dire o/